Respectons l’intégrité de nos animaux de compagnie au Québec
Notre organisme, la caacQ, organise des transports de chiens abandonnés et adoptables vers la ville de Toronto. Depuis 2008, plus de 1,600 chiens ont trouvé un foyer aimant. Les transports s'effectuent par la route mais aussi, parfois, par avion.
Les demandes viennent de partout. La semaine dernière, je reçois une requête d’un propriétaire qui ne peut plus garder sa chienne doberman de 8 mois. Nous commençons par une entrevue téléphonique pour nous assurer que la chienne a un tempérament qui correspond au style de vie des Torontois. Nous découvrons qu'elle est très sociable avec les autres chiens et les personnes qu'elles ne connaît pas, quoi qu'elle ait encore à apprendre les bonnes manières ; on pourrait la comparer à un jeune enfant un peu turbulent.
À la fin de l'entrevue, nous demandons des photos de l’animal, question d’ajouter un visage à un nom (Bella) et les démarches pour le transfert sont immédiatement commencées. Mais, quelle horreur de découvrir le lendemain, dans mes courriels, la photo de cette chienne. Une atrocité. Les oreilles taillées, coupées, mutilées, amputées. Regardez l’oreille droite, vers le haut, on voit clairement des morceaux de chair, résultat d'une incision mal faite. Mais le comble est que la chienne n’est pas stérilisée !
Il est triste de constater qu'un médecin vétérinaire a répondu à la demande d'un client comme un simple serviteur. Où est passé ce qui fait notre différence, “le gros bon sens” ? On dénombre plus de 30 pays qui interdisent cette mutilation et au Canada 5 provinces ont suivi le mouvement. Je lève mon chapeau au gouvernement du Manitoba qui impose des amendes pouvant aller jusqu’à $30,000 aux vétérinaires qui enfreignent la loi.
L’Ordre des médecins vétérinaires du Québec (OMVQ), quant à lui, conseille à ses membres d’éviter cette chirurgie, mais ne l’interdit pas. La question est la suivante : comment se fait-il que dans notre province on tolère cette pratique interdite en Croatie et dans les Iles Vierges ?
Tout cela m'a rappelé cette fourrière à Québec, il y a quelques années. Une amie vivant dans la région me demande de l’accompagner afin de retirer des chiens qui sont en surnombre. J’observe attentivement les candidats potentiels. Un dalmatien dans une petite cage, attire mon attention. Je demande à l’employé si je peux le prendre afin de le retirer de cette prison. On me répond que non, car le chien est dégriffé. Oui, vous avez bien compris, un médecin vétérinaire avait accepté d'effectuer cette opération sur un chien en pleine santé.